Le Pourim de Fossano ou Le Miracle de la Bombe

Le Pourim de Fossano ou Le Miracle de la Bombe

Date Hébraïque: 18 Nissan

Localisation: Fossano, Italie

Fossano est une petite ville du nord de l’Italie, au sud des Alpes, dans le Piemont.

Elle est située dans une plaine fertile sur les rives de la rivière Stura.
 
Cette ville hébergeait une communauté juive depuis le 14ème siècle.
En effet, les juifs de France furent expulsés à deux reprises au cours du 14ème siècle. Une première fois en 1306 par Philippe le Bel, la dernière fois en 1394 par Charles IV.

Certains de ces juifs chassés de France trouvèrent refuge en Italie et s’installèrent dans des villes du Nord de l’Italie au bord des Alpes. Un groupe de communautés voisines s’était constitué, ce groupe était connu sous le sigle AFaM rappelant le nom des villes principales qui le composaient : Asti, Fossano et Moncalvo.Fossano3
 
Ces communautés avaient gardé un attachement particulier à la France. En effet, des siècles après leur installation, ces communautés avaient préservé dans leur rituel de nombreuses prières caractéristiques des communautés de Provence.

Au printemps 1796, les troupes françaises avaient traversé les Alpes. L’armée d’Italie avait à sa tête un jeune général en chef de 27 ans : le général Napoléon Bonaparte.
A la tête de son armée, il collectionnait les victoires.

Juste avant la fête de la Pâque juive (Pessah), l’armée française commença le siège de la ville de Fossano.
 
Les bombardements français furent quasi quotidiens et occasionnaient des victimes parmi la population ainsi que d’importants dommages.

Arriva la fête de Pessah, symbole de la Liberté. Malgré le siège de leur ville, les juifs de Fossano célébrèrent avec joie, les premiers jours de fête.

Ces manifestations de joie, par des juifs dont les ancêtres étaient originaires de France furent rapidement interprétées par la population locale comme une marque de sympathie vis à vis des assaillants. Les juifs furent suspectés de renseigner les troupes ennemies, de se comporter en traîtres, d’être des espions.
 
Les dirigeants de la communauté sentirent le danger de la situation et firent appel aux autorités locales pour obtenir que le ghetto soit protégé. Cette protection leur fut refusée car toutes les troupes étaient affectées à la défense de la ville.
Le drame éclata pendant la quatrième nuit de Pessah, le lundi 26 avril 1796, au moment du bombardement habituel. La colère d’une partie de la population éclata contre les juifs. Une foule dense se mit en marche, s’armant de tout ce qu’elle pouvait trouver sur son passage. La foule se ruait vers le ghetto de Fossano, assurée d’obtenir, à moindre coût, une victoire contre les juifs à défaut de vaincre les armées françaises.
 
Le ghetto de Fossano se résumait à une longue rue étroite proche des murs de la cité et terminée à une extrémité par la synagogue.
Dès les premiers mouvements de foule, les juifs abandonnèrent leur maison et se réfugièrent dans la synagogue. La communauté était groupée et unie dans la prière, redoutant un massacre qui semblait inéluctable.
 
Pendant ce temps la foule progressait dans le ghetto, défonçant les portes des habitations et des commerces, saccageant et pillant sur son passage.
Les premiers éléments de cette foule furieuse arrivèrent au bâtiment qui hébergeait la synagogue. Celle-ci, se trouvait en étage. Pour y accéder il fallait gravir un petit escalier étroit qui aboutissait à un vestibule. A l’autre extrémité du vestibule s’ouvrait la synagogue proprement dite.
Les juifs espéraient un miracle, réfugiés dans la synagogue.
Les premiers assaillants se précipitèrent dans l’escalier menant à la synagogue et arrivèrent dans le vestibule.
 
A cet instant précis, un boulet de canon tiré par les français, atteignit le bâtiment de la synagogue. Ce boulet fit exploser un mur de l’étage du bâtiment donnant précisément dans le vestibule, à mi chemin entre les assaillants et les juifs terrorisés.
La peur changea de camp.
 
Les dégâts matériels causés par le coup de canon étaient faibles mais les assaillants témoins de cette explosion soudain prirent peur, comme frappés de terreur, ils tournèrent les talons et s’enfuirent en prenant les jambes à leur cou.
 
En un instant toute cette foule agressive se transforma en une bande en déroute, pressée de s’enfuir et abandonnant dans sa fuite une grande partie du butin qu’elle avait amassé à l’aller.
La communauté de Fossano était sauvée.
 
Quelque jours plus tard, les troupes françaises entrèrent dans la ville et les juifs se sentirent à l’abri.
Les dirigeants de la communauté décidèrent que le second jour de Hol Hamoed Pessah, soit le 18 Nissan, serait dorénavant commémoré comme un jour de fête  spécial, en souvenir de ce miracle : Le miracle de la Bombe.
 
La synagogue fut profondément restaurée en 1812, mais le trou dans le mur fut conservé et transformé en une fenêtre donnant sur ce vestibule.
Au dessus de cette fenêtre furent inscrits en lettres d’or les mots suivants :fossan1
"Ness chel Habomba" ou Miracle de la Bombe.
 
-Adapté de Cecil Roth: "Some Revolutionary Purims"
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fossano2Si vous passez au nord de l’Italie de manquez pas de visiter une très belle synagogue des communautés de l’AfaM, celle de Casale. Cette synagogue du 16ème siècle comporte sur ses murs des inscriptions qui rappellent les dangers passés.
 
Le  site web (en italien) de la communauté de Casale comporte des photos, comme celle-ci, qui donnent une idée de la beauté de sa synagogue.
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